Bonaparte et l’Orient.
L’expédition d’Égypte (1798-1801)
Le général Bonaparte fait présent d'un sabre au chef militaire Mohammed El Koraïm, gouverneur d'Alexandrie,
pour honorer la valeur avec laquelle il avait défendu sa ville et le confirme dans sa charge 3-6 juillet 1798.
pour honorer la valeur avec laquelle il avait défendu sa ville et le confirme dans sa charge 3-6 juillet 1798.
© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
Pré-programme
Deux cents vingt ans après son lancement, l’expédition d’Égypte continue à fasciner. Le souvenir de Bonaparte face aux Pyramides, lançant à ses soldats : « Du haut de ces Pyramides 40 siècles d’histoire vous contemplent », est dans toutes les mémoires.
Il est vrai que le jeune général a su soigner son image et mettre en valeur les succès de cette campagne, s’appuyant notamment sur le groupe de savants qu’il avait emmenés avec lui et qui firent de l’expédition une vraie découverte scientifique. Mais l’expédition ne se limite pas à cela. Elle a aussi été une conquête coloniale, pensée comme telle, qui s’est du reste prolongée après le départ de Bonaparte, sous l’impulsion de Kléber puis de Menou.
La campagne a aussi été marquée par une guerre sans merci au cours de laquelle les affrontements ont été particulièrement violents, une guerre qui s’achève par la capitulation des armées françaises devant l’Angleterre. Choc des civilisations, la campagne a enfin contribué à modifier les relations entre la France et l’Égypte, annonçant le percement du canal de Suez.
9h
Accueil
9h15
Introduction par Patrick Ollier, maire de Rueil-Malmaison et Jacques-Olivier Boudon, président de l’Institut Napoléon
9h30
Le rêve oriental de Bonaparte par Patrice Gueniffey
10h
Les codes secrets utilisés par l’armée d’Égypte par Jean-François Brun
10h30
La flottille du Nil dans la campagne de Haute Égypte par Sophie Muffat
11h
Questions et pause
11h30
Berthier et Marmont dans la campagne d’Égypte par Franck Favier
12h
Les soldats français en Égypte par Jacques-Olivier Boudon
12h30
Déjeuner libre
14h30
Bonaparte et l’islam par Ahmed Youssef
15h
L’administration et les finances du gouvernement de Bonaparte par Pascal Cyr
15h30
Les savants en Égypte par Patrice Bret
16h
Les projets de percement du canal de Suez par Caroline Piquet
16h30
La campagne d’Égypte, un tournant dans l’histoire de la question d’Orient par Jean-François Figeac
17h
Le souvenir de l’Orient : le manuscrit des Mémoires de Napoléon sur la campagne d’Égypte par
Charles-Eloi Vial
Charles-Eloi Vial
Présentation des conférences et des conférenciers
Jacques-Olivier Boudon
Les soldats français en Égypte
Partis dans une expédition dont ils ignorent le but, les soldats de l’armée de Bonaparte découvrent un pays qui les surprend. Le choc des cultures est rude. Mais c’est surtout dans la manière de faire la guerre que la surprise est la plus grande, que ce soit face aux mamelouks, mais surtout dans cette petite guerre menée par les tribus arabes qui leur fait penser à la Vendée, et rend leur quotidien dangereux. Du sable du désert qui provoque des ophtalmies graves à la peste, ils sont aussi confrontés à un autre type d’adversité.
Jacques-Olivier Boudon est professeur d’histoire de la Révolution et de l’Empire à Sorbonne Université et président de l’Institut Napoléon. Il est chargé depuis 2012 d’organiser le colloque annuel de la Ville de Rueil, sous le label « Ville impériale ». Il a publié une trentaine d’ouvrages dont La campagne d’Égypte (Belin, 2018).
Patrice Bret
Les savants, ingénieurs et artistes de l’expédition d’Egypte, médiateurs de l’Orient
Du terrain à la Description de l’Egypte, les savants, ingénieurs et artistes de la Commission des sciences et des arts et de l’Institut d’Egypte sont des instruments privilégiés du rêve oriental de Bonaparte. Médiateurs indispensables au projet colonial de la « régénération » de l’Egypte, ils mettent leur savoir et leurs talents au service de l’étude systématique du territoire et de la civilisation pharaonique. S’ils ne déchiffrent pas les hiéroglyphes, malgré la découverte de la Pierre de Rosette qui en est la clé, ils contribuent fortement au déchiffrement de l’Orient arabo-musulman classique et contemporain.
Patrice Bret est chercheur honoraire au Centre Alexandre Koyré/EHESS-CNRS-MNHN. Il travaille sur l’histoire sociale et culturelle des sciences et techniques et a publié notamment L’Égypte au temps de l’expédition de Bonaparte (Hachette Littératures, coll. La Vie quotidienne, 1998), L’expédition d’Egypte, une entreprise des Lumières (colloque du bicentenaire à l’Institut de France, Tec & Doc Lavoisier, 1999) et L’État, l’armée, la science. L’invention de la recherche publique en France, 1763-1830 (Presses universitaires de Rennes, coll. Carnot, 2002). Il termine une biographie du peintre et ingénieur Conté, de l’Institut d’Egypte, et un dictionnaire culturel et administratif de l’Égypte sous l’occupation française (Le Nil, la République et le Croissant). Prix J.-E. Goby de l’Institut de France 1997 pour ses travaux sur l’expédition d’Egypte.
Jean-François Brun
Les codes secrets de la campagne d'Egypte
La surprise constitue l’une des composantes essentielles de l’action militaire. Elle suppose, entre autres, le secret des transmissions. Le moyen de garantir ces dernières réside dans la fiabilité du vecteur d’envoi (à cette époque essentiellement un messager) et dans le codage de l’information. C’est tout l’enjeu de la cryptographie. Lors de l’expédition d’Egypte, plusieurs systèmes de codage, fondés sur des principes différents, ont été utilisés, tant au sein de l’armée elle-même que dans les relations entre le général en chef et le gouvernement français. Cette diversité, étonnante pour l’époque, s’explique par les contraintes de distance et la volonté de contrarier les efforts de décryptage des Britanniques. La présente communication vise simplement à les faire connaître et, ce faisant, à fournir les tables de décode susceptibles de permettre la lecture d’un certain nombre de documents cryptés.
Jean-François Brun, maître de conférences à Saint-Etienne, s’est plus spécialement intéressé à l’histoire militaire, à travers les structures organisationnelles des armées et l’armement, notamment à l’époque napoléonienne.
Pascal Cyr
L’administration et les finances du gouvernement de Bonaparte
La campagne d’Égypte est surtout connue pour l’aspect et scientifique et surtout, les grandes batailles qui l’ont ponctuée. Or, je me propose de vous entretenir de l’administration et des finances du gouvernement de Bonaparte. Comment va-t-il utiliser la structure administrative des Mamelouks à son profit? Quels seront les expédients employés pour maintenir les finances de l’armée à flot ? Ce sont là les questions auxquelles je me propose de répondre au cours de cette conférence.Pascal Cyr détient un doctorat de l’Université de Montréal. Sa thèse, Waterloo et enjeux, a été publiée chez l’Harmattan. Toujours chez le même éditeur, il a également publié une étude sur la campagne d’Égypte : Égypte, la guerre de Bonaparte. Son ouvrage le plus récent : La campagne de France, 1814, la chute de l’empire, a été publiée aux éditions Soteca au mois d’avril 2018.
Franck Favier
Regards croisés : Berthier et Marmont lors de la campagne d'Egypte
Parmi tous les compagnons qui suivirent Bonaparte en Egypte, Berthier et Marmont placés dans des positions différentes, nous ont laissés des récits, des mémoires qui nous renvoient des visions différentes de l'épopée et de leur rôle dans celle-ci.
Franck Favier, agrégé, docteur en histoire, prix premier Empire de la fondation Napoléon 2015, est professeur en classes préparatoires au Lycée Janson de Sailly (Paris). Il est notamment l’auteur de Berthier (Perrin, 2015) et Marmont (Perrin, 2018).
Jean-François Figeac
La campagne d’Égypte, un tournant dans l’histoire de la question d’Orient
Si les historiens situent classiquement les origines de la question d’Orient au moment du conflit turco-russe de 1768-1774, la campagne d’Égypte ouvre un nouveau cycle, marqué par une tentative de règlement européen des conflits en Orient. En effet, l’Empire Ottoman devient un acteur géopolitique secondaire, tributaire des décisions diplomatiques et militaires de la France, de l’Angleterre et de la Russie. Les rivalités que s’exercent ces trois puissances majeures pour le contrôle des routes commerciales permettent pour la première fois aux diplomates et aux publicistes de réfléchir et de théoriser sur la question d’Orient. Rompant les équilibres diplomatiques traditionnels au Levant, l’Expédition d’Égypte a également pour conséquence l’apparition de l’opinion publique comme instrument de propagande dans le cadre de l’affrontement que se livrent Français et Britanniques. Si ses répercussions sur le court terme semblent limitées du fait de la paix de 1802, la campagne d’Égypte pose les bases d’une nouvelle pensée politique ayant pour credo la modernisation de l’Empire Ottoman sous la férule des nations européennes, tout en redynamisant un orientalisme qui constitue la toile de fond culturelle des crises orientales du XIXe siècle.
Jean-François Figeac est doctorant contractuel chargé d'enseignement en Histoire contemporaine, Université Paris-IV Sorbonne.
Sophie Muffat
La flottille du Nil dans la campagne de Haute Égypte
La flottille du Nil est créée immédiatement après la prise d’Alexandrie. Appui de l’armée indispensable pour s’assurer la maîtrise du Nil, elle va jouer un rôle déterminant dans la campagne de Haute Égypte. Mais comment est-elle créée ? Quels bâtiments la composent, qui la commande et quel sera son rôle ? Prises, réquisitions et constructions, sa composition sera très variable. Que ce soit à Chebreiss en écrasant la marine de Mourad Bey, ou par son rôle logistique en transportant les troupes et approvisionnements, elle sera un auxiliaire précieux du général Desaix.
Sophie Muffat est spécialiste en histoire navale du Directoire à la fin du Premier Empire, auteure d’articles spécialisés et conférencière, membre de la Sabretache et du Souvenir Napoléonien, elle prépare un ouvrage sur la vie quotidienne dans la marine sous le Premier Empire et co-auteur d’une monographie de construction navale consacrée au « Bateau canonnier de 60 pieds modèle an XII », médaille de l’Académie de marine en 2013.
Charles-Eloi Vial
Le souvenir de l’Orient : le manuscrit des Mémoires de Napoléon sur la campagne d’Égypte
Les dictées de Napoléon sur la campagne d’Égypte, rédigées à bord du Northumberland puis à Sainte-Hélène de la fin de l’été 1815 jusqu’au début de l’année 1817, comptent parmi les toutes premières de l'entreprise autobiographique menée par l'empereur déchu dans les dernières années de sa vie. Le manuscrit de ses Mémoires sur l’Égypte, acquis par la Bibliothèque nationale de France en 2015, comporte de nombreux passages inédits, des ratures et des repentirs qui donnent un aperçu complet sur ses méthodes de travail. Pour raconter son aventure orientale, Napoléon s’est non seulement appuyé sur sa propre mémoire, mais aussi sur des ouvrages d’histoire et de géographie ainsi que sur des récits de voyageurs anglais. Ses notes sur l’Islam et sur l’organisation de la société égyptienne, qui n’ont pas toutes été retenues dans le texte définitif, apportent enfin de nouveaux renseignements sur sa vision de l’Orient, qui complètent et éclairent les observations déjà consignées dans le Mémorial de Sainte-Hélène, dans le Journal de Gourgaud ou les Cahiers du général Bertrand.
Charles-Éloi Vial est archiviste paléographe, docteur en histoire et conservateur au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Spécialiste de l'histoire curiale, il a notamment publié Les Derniers feux de la monarchie : la cour au siècle des révolutions, 1789-1870 (Perrin, 2016), ainsi qu'une biographie de l'impératrice Marie-Louise (Perrin, 2017).
Ahmed Youssef
Bonaparte et l’islam
Aux origines de l'islamisme politique d'aujourd'hui, l'expédition de Bonaparte en Égypte en constitue le premier choc frontal. Entre fascination romantique d'un islam de civilisation disparu, et confrontation violente dans le quotidien au Caire et à Alexandrie, Bonaparte planta le décor de son propre mythe oriental, d'un côté, et fit de cette religion une migraine incurable dans la politique française, d'un autre. L'assassinat de Kléber et la conversion de Menou en sont le parfait exemple.
Ahmed Youssef est un historien égyptien de renommée internationale. Ses ouvrages sur les relations France-Monde Arabe (« l'Orient de Jacques Chirac », « le conflit israélo arabe », « Bonaparte et Mahomet », « juifs et chrétiens dans la cour de Mahomet » etc) sont traduits en plusieurs langues. Il a traduit, entre d'autres, le monumental volume de la « correspondance de Bonaparte en Égypte » publié par la Fondation Napoléon et le « consiliacum Aegyptiacum » de Leibniz. Ahmed Youssef est aujourd'hui directeur exécutif du centre des études du Moyen Orient à Paris et membre de l'Institut d'Égypte.
RENSEIGNEMENTS & INSCRIPTIONS
MÉDIATHÈQUE JACQUES-BAUMEL
Pôle Culture
15-21 boulevard du Maréchal Foch
TÉL : 01.47.14.54.54
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